William Elliott

Le Westminster a trouvé son Chef

«Donner du bonheur, ne jamais dĂ©cevoir un gourmet jusqu’à mon dernier jour», tel est le credo de William Elliott, l’homme d’une seule Maison: le cĂ©lĂ©brissime Westminster Hotel & Spa, dernier palace du Touquet, oáœș il est Chef des cuisines depuis septembre 1994. EtoilĂ© par le Guide Michelin en 2007, sacrĂ© Chef de l’AnnĂ©e 2009 par le Guide ChampĂ©rard, cette grande toque signe avec passion une cuisine dĂ©licate et inventive. Au lectorat de Cuiz’in, il rĂ©vĂšle ses associations inattendues et donne des recettes qui feront rĂȘver et voyager les gourmets.

Vous souvenez-vous de ce qui a déclenché cette envie de devenir chef? Parlez-nous un peu de votre parcours

Pendant les vacances, j’allais dans le restaurant de mon oncle Ă  Mulhouse, le Guillaume Tell, pour renforcer la brigade. L’atmosphĂšre des cuisines me plaisait beaucoup. Le dĂ©clic a eu lieu Ă  16 ans. J’ai dĂ©cidĂ© de devenir chef. Mon apprentissage, je l’ai fait chez mon oncle avant de partir travailler Ă  Paris (de 1985 Ă  1988), aux restaurants Le DĂŽme et l’Ambroisie, avec Bernard Pacaud. Puis ce sera le Royal, Ă  Deauville, jusqu’en 1991. Je suis arrivĂ© au Westminster au moment oĂč la famille Flament souhaitait relancer la cuisine. Au bout de 3 ans, j’ai pris la tĂȘte des cuisines. J’avais alors 26 ans.

On dit souvent que le sort d’un hĂŽtel dĂ©pend d’abord de sa cuisine et des menus, prĂ©parĂ©s avec un art consommĂ©. Peut-on dire que le Westminster et Elliott avaient toutes les raisons de se rencontrer et de faire la route ensemble?
Evidemment. C’est une belle histoire qui dure depuis 20 ans! Quand j’étais petit, je passais dĂ©jĂ  devant l’hĂŽtel avec des Ă©toiles dans les yeux. Entre le Westminster et moi, ce fut un coup de cƓur. Et on m’a donnĂ© la chance de m’exprimer, de faire la cuisine dont j’avais envie.

Peut-on dire que William Elliott le perfectionniste et l’obstinĂ© a rĂ©inventĂ© au quotidien le concept mĂȘme de “cuisine de palace”?
RĂ©inventer est un grand mot. J’ai su imposer mon style de cuisine. Une cuisine d’instinct, marine et de saison.

Dans l’élaboration des menus, y-a-t-il une contrainte? Et quel est le plat star du Westminster?
Il n’y a aucune contrainte dans l’élaboration des menus. C’est une cuisine du marchĂ©: par consĂ©quent, il n’y a pas vraiment de plat star. MalgrĂ© tout, le foie de canard, huĂźtre Gillardeau, miso est trĂšs demandĂ© et revient souvent.

Dans ce lieu mythique qui a accueilli plus d’un client prestigieux, vous avez cĂŽtoyĂ© un paquet de VIP, organisĂ© des banquets. Racontez-nous un souvenir qui vous a particuliĂšrement marquĂ©…
Le plus beau souvenir que j’ai en mĂ©moire, c’est l’organisation du banquet pour le sommet franco-britannique durant lequel on a accueilli l’ancien prĂ©sident français, Jacques Chirac, ainsi que Tony Blair. Il y avait 160 invitĂ©s et 250 journalistes. C’était un rĂ©el dĂ©fi, mais tout s’est trĂšs bien dĂ©roulĂ©. AprĂšs, j’ai eu la chance d’ĂȘtre invitĂ© par le PrĂ©sident Ă  l’ElysĂ©e, pour visiter les cuisines.

Quelle est votre saveur préférée et celle qui vous est indispensable?
J’apprĂ©cie les saveurs de la mer, l’iode, l’aciditĂ©, le citron, l’agrume, qui sont rĂ©vĂ©lateurs de saveurs. Et c’est ce qui caractĂ©rise principalement mes plats.

Quelles sont les valeurs que vous privilégiez en cuisine?
Respecter les goĂ»ts et la qualitĂ© des produits. L’aspect humain compte Ă©galement beaucoup pour moi. J’ai une Ă©quipe trĂšs sympa, qui me suit dans mes dĂ©marches et mes envies de perfection. J’ai rĂ©ussi Ă  crĂ©er une ambiance exceptionnelle. Ma brigade est motivĂ©e par l’amour de la cuisine.

Vous ĂȘtes un virtuose des produits de la mer. Parlez-nous un peu de ces associations inattendues que vous osez

Je propose souvent des accords inattendus comme les homard, pain noir et pamplemousse ou encore les foie de canard, huütre Gillardeau et miso. Il y a aussi le surprenant plat de rattes à l’encre de seiche et coques.

Votre philosophie d’une bonne cuisine?
Je mets Ă  l’honneur les produits locaux: la ratte du Touquet, le chou-fleur, le fromage de chĂšvre frais de Montreuil, les fruits rouges de Samer (dans le Boulonnais), les produits de la mer comme le homard d’Audresselles, le turbot petit bateau
 Ma cuisine est dĂ©licate et inventive, avec des cuissons Ă  basse tempĂ©rature par respect des produits. Des produits que je sĂ©lectionne avec grand soin et que je cuisine avec passion, Ă  l’instinct. J’aime faire dĂ©couvrir des saveurs et associations inattendues, qui font rĂȘver et voyager. Je n’utilise pas forcĂ©ment des composants haut de gamme. Moi, j’ai envie de valoriser les produits et les mettre en avant. C’est la passion qui me fait avancer et qui laisse Ă  chaque client un souvenir.

Votre rĂȘve?
J’espĂšre continuer Ă  dĂ©velopper le pĂŽle gastronomique de l’HĂŽtel et continuer Ă  y travailler, car je me sens ici chez moi. Je souhaite avant tout continuer cette belle aventure en gardant l’ambition et la passion